Mort de Fallou Sène : Pas de coupable ni responsable !

16 - Mai - 2018

Un mort. Un de plus dans le ménage volcanique entre manifestants et forces de l’ordre. Une vie humaine de plus versée dans le sinistre bilan à mettre à l’actif des policiers et gendarmes préposés à un maintien de l’ordre public qui vire facilement à des drames pourtant évitables.

Les protecteurs de notre «tranquillité» ont si tendance à avoir la gâchette un peu trop facile que l’on se demande s’ils ont été entraînés à faire du maintien de l’ordre pur et dur. C’est que, au fond, il y a un vrai problème, et il est politique.

Face à des manifestations de plus en plus nombreuses organisées par des organisations politiques et sociales reconnues, une violence d’Etat excessive est impunément exercée sur les citoyens au mépris de leurs droits constitutionnels. Ce constat irréfutable est le résultat de la frilosité qui caractérise le pouvoir gouvernant devant un désir débridé d’expression et de jouissance d’une liberté consacrée.

Il y a quelques mois, en marge d’une manifestation avortée de l’opposition, des policiers avaient allègrement balancé des grenades lacrymogènes l’intérieur de l’école primaire Mame Yacine Diagne en plein centre-ville.

Des élèves d’une dizaine d’années pris au piège des odeurs avaient été durement choqués. Quelques jours plus tard, des policiers de Mbacké avaient imité leurs collègues de Dakar. Dans les deux cas, le pire pouvait arriver. Les récentes violences exercées sur des élèves de Thiès sont également frais dans les mémoires. Face à des étudiants déterminés à se faire entendre et, surtout, non armés, pourquoi des gendarmes en viennent-ils à utiliser des armes qui tuent ? Leur a-t-on intimé l’ordre d’ouvrir le feu ? Qui a été le donneur d’ordre dans la troupe massée à l’Université Gaston Berger ? Car au final, il y a eu quand même une personne tuée. Qui en est responsable ? Qui faut-il sanctionner ?

En regard des jurisprudences accumulées en la matière, il n’y aura aucune suite à ce drame, comme il n’y en a pas eu dans d’autres circonstances beaucoup plus graves. Le ministre de l’intérieur a annoncé l’ouverture d’une enquête qui va être faite par ses propres services…

Continuer à se cloitrer dans cette culture de répression systématique des droits constitutionnels des sénégalais ne fera qu’alourdir la facture des morts et des blesses

Qui se souvient encore des dix personnes tuées au stade Demba Diop en juillet 2017, sans qu’aucune responsabilité politique ou administrative ait été identifiée et livrée à la justice ? Il est grand temps que les autorités politiques sénégalaises reviennent aux principes fondamentaux de l’État de droit en ce qui concerne la liberté de manifester. Continuer à se cloîtrer dans cette culture de répression systématique des droits constitutionnels des Sénégalais ne fera qu’alourdir la facture des morts et des blessés.

Or, empiler les morts dans les espaces publics de liberté ne saurait être érigé en coutume républicaine avec un président de la République transformée présentateur vedette de condoléances aux familles de victimes. Car enfin, les gens veulent simplement vivre dans la dignité, avec leurs droits.

Autres actualités

25 - Janvier - 2021

Changement à la coalition Jotna

La coalition Jotna/patriotes pour l’alternative a renouvelé ses instances samedi dernier. A l’issue de la rencontre, le président de ladite coalition, Bruno...

03 - Janvier - 2021

Opposition: Le coup tordu d’Idrissa Seck

La crédibilité de l’opposition et la sincérité du pouvoir se jouaient dans ce dialogue politique et national. Pen­dant longtemps, l’on a...

14 - Décembre - 2020

Dialogue politique ou stratégie politique : les sales coups de Macky à l’opposition

Le Président Macky Sall se fait le chantre du dialogue ! Mais au vu des gains politiques personnels qu’il en tire et les coups K0 portés à l’opposition à...

14 - Décembre - 2020

« Le 3e mandat est devenu la tendance autocratique », déplore Alioune Tine

La deuxième édition de l'Université populaire de l'engagement citoyen (UPEC) s’est ouvert ce lundi 14 décembre 2020 à Dakar, sous le thème :...

14 - Décembre - 2020

Suppression de la Ville de Dakar : les arguments du gouvernement ne sont pas conformes aux dispositions de la loi

Les arguments avancés par le gouvernement, à travers son porte-parole, pour justifier une éventuelle suppression de la Ville de Dakar sont contraires au contenu du Code...