Macky doit plus qu’une amnistie à Khalifa

08 - Mars - 2019

Le temps du fléchissement est dépassé - Qu’on ne vienne pas nous importuner avec la rengaine du « roi clément » - Macky a été injuste

Cela fait maintenant deux ans que Khalifa Ababacar Sall est injustement privé de liberté. Sa majesté l’empêche de dormir chez lui, de jouir de l’affection des siens dans l’intimité de sa demeure, de concrétiser les louables ambitions qu’il nourrit pour le peuple sénégalais. Macky Sall a immolé plusieurs personnes à la sienne. Et il croit avoir vaincu ! L’illusion du triomphe, qui le berce, risque de le précipiter dans les abîmes de l’histoire.
Depuis quelques jours, l’opinion publique alimente, avec passion, le débat sur une loi d’amnistie en faveur de deux prisonniers politiques, Karim Wade et Khalifa Sall. Il ne s’agira pas seulement de les en faire bénéficier. Les âmes justes devraient exiger du président de la République des excuses publiques parce qu’il ne les a pas seulement livrés à l’arbitraire. Macky Sall a ébranlé notre confiance en la justice, piétiné l’Etat de droit et privé les citoyens de propositions de gouvernance. Car l’« ex »-maire de Dakar en était porteur.

Les déclarations de lendemain de « victoire » électorale insipide et de noblesse douteuse ne battront pas en brèche cette conviction. Le secrétaire général de l’Alliance pour la République a fait beaucoup de mal à ce pays, à notre aventure collective. Après avoir obéi à son instinct de dictateur, il veut agir suivant sa conscience sans doute tourmentée par l’inélégance de son action et l’ignominie dont il s’est couvert à cause de sa boulimie de puissance que ce pseudo scrutin n’a pas assouvie. L’avenir proche nous édifiera.
Khalifa Sall doit être libéré, réhabilité pour retrouver sa famille et reprendre le cours normal de sa vie. Il n’aurait jamais été emprisonné dans un pays où la justice joue pleinement son rôle sans épier les aiguillages de son maître. Quelle faillite collective ! Le drame, dans cette histoire, c’est qu’on a oublié le pater familias, le fils de quelqu’un, le mari d’une dame qu’est Khalifa Sall… et réduit cette écœurante iniquité à l’homme politique.

Cette privation est une tragédie humaine, familiale quel que puisse être, par ailleurs, le degré de résilience des siens. Elle devient plus révoltante quand on sait que tout ce cirque n’a été organisé que pour ouvrir un boulevard à Macky Sall qui n’aurait jamais gagné cette élection si les règles du jeu avaient été respectées en amont. Ses propres godillots, dont le plus loquace et toqué, l’ont dit. Le dialogue auquel il appelle l’opposition et toutes les forces vives de la Nation ne saurait être sincère s’il ne reconnaît pas lui-même ses propres dérives. Le chef de l’Etat devra faire amende honorable pour ouvrir une page nouvelle qui réparera les injustices.
Personnellement, Khalifa Sall s’est attiré ma sympathie. Je ne suis point son affidé prêt à le suivre dans toutes ses aventures. Il ne montera dans mon estime que par sa capacité à formuler des exigences à ceux qui l’ont isolé de sa famille, de ses amis et de ses sympathisants.
Il y a des moments où même la carrière politique est accessoire. Il faut savoir mépriser les honneurs du prince pour mériter ceux de l’histoire. Le temps du fléchissement est dépassé. C’est celui du retour à la maison qu’il convient de préparer sans s’abaisser à des compromissions. Vous consentirez des compromis avec le peuple pour un espace politique apaisé et non pour être un acteur d’une comédie dont le dénouement ne viserait qu’à louer la grandeur de Macky Sall, ce dont il n’a pas su faire preuve durant tout son premier mandat. Ici, s’il y a quelque chose à célébrer, c’est votre dignité, votre posture dans l’épreuve. Le reste, c’est du pipeau. Ses suppôts en joueront avec l’enthousiasme débordant de ceux qui ne savent que faire du pouvoir. Khalifa, restez debout !
Ce serait trop apaiser leur conscience que de vouloir tout effacer après tant de dégradation morale et de déliquescence judiciaire. Rappelons-nous, il n’y a guère longtemps, le 7 mars 2017, Khalifa Sall et sept de ses collaborateurs ont été inculpés et jetés en pâture. La bataille judiciaire qui s’en est suivie n’a fait que jeter davantage la suspicion sur la justice sénégalaise. Même la cour de justice de la Cedeao, après avoir été saisie par les conseils de Khalifa Sall, a mis en évidence « des violations graves des droits de l’homme, en particulier du droit à un procès équitable ».

Cette cour, de nature prudente et au dessus de la mêlée, n’apprenait rien de nouveau au commun des Sénégalais. Mais cette sentence, venue d’ailleurs, confirmait encore une fois la perfidie et les turpitudes dont sont capables ceux qui ont orchestré toute cette cabale judiciaire pour liquider un adversaire politique crédible. Tous ses droits en tant que citoyen et député de surcroit, ont été violés. Qu’on ne vienne pas alors nous importuner avec la rengaine du « roi clément ». Macky Sall a été cynique et injuste.

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