Un décret en cache un autre
Les anciens présidents du Conseil économique, social et environnemental (Cese), comme la sortante (ou sortie) Aminata Tall, vont-ils bénéficier de la part du président de la République d’avantages financiers et protocolaires à la hauteur de leur honorariat ou de leur ancien statut ? 4 500 000 francs CFA net de salaire mensuel ; véhicule de fonction ; 500 litres de carburant ; Chauffeur et Garde du corps… sur la base du décret dit n°2020-964» en date du 17 avril 2020, comme le prétendent certains acteurs politiques, à l’instar de Thierno Alassane Sall ou autre Ousmane Sonko. Ou s’agirait-il simplement d’un «faux décret» comme l’indique le pôle communication de la Présidence, arguant que tous les décrets, sans restriction, étaient publiés au Journal officiel (Jo). En tout cas, la polémique enfle et remet au goût du jour le débat sur la gouvernance des ressources publiques, en pleine pandémie de Covid-19. Il en faudra un peu plus au régime en place pour décourager ses détracteurs qui continuent de maintenir l’existence du «décret n°2020-964» en date du 17 avril 2020, publié jeudi dernier et devenu viral dans les réseaux sociaux. En effet, la réaction du pôle communication de la présidence qui, à son tour, a publié un communiqué de presse pour dénoncer un «faux décret» et préciser que tous les décrets, sans restriction, étaient publiés au Journal officiel (Jo), n’a certainement pas eu l’effet escompté. Ou du moins, la polémique ne désenfle toujours pas sur cette affaire d’avantages financiers et protocolaires accordés aux anciens présidents du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Le leader de la République des valeurs, Thierno Alassane Sall, sur son compte tweeter, avait indiqué que «l’imminence de la fin du monde et d’une vie sur le dos du peuple, à se sucrer aux plus juteux postes et luxueuses villas, n’y fait rien. Même en pleine pandémie, c’est les copines d’abord, tant pis pour les personnels soignants». Il regrettait ainsi que ce «décret» soit pris pour récompenser une proche du Président, en l’occurrence l’ancienne présidente du Cese Aminata Tall, remplacée par Aminata Touré. L’ancien ministre de l’Energie dans le régime de Macky Sall n’est cependant pas le seul à s’en prendre au régime en place. Sur sa page Facebook, le leader de Pastef/Les Patriotes, Ousmane Sonko s’en est pris également au président de la République, Macky Sall, rejetant ainsi l’argument avancé par les services de communication de la Présidence. Il déclarera ainsi : «honte à la Présidence de la République du Sénégal qui, prise pour la énième fois en flagrant délit de dépeçage du peuple par l’octroi d’un indécent honorariat aux anciens Présidents du Conseil Économique Social et Environnemental, n’a pas trouvé mieux que de se réfugier derrière la non-publication du décret au Journal officiel». Malgré le démenti apporté par la présidence, le candidat déchu à la dernière présidentielle persiste et signe que «ce décret existe bel et bien et a été circularisé hier, jeudi 14 mai 2020, aux agents de l’Administration via Outlook, en même temps que le décret 2020-1006 relatif à la gestion budgétaire de l’État, et lui est, à tous points, identique dans la forme». Rappelant, à cet effet, les mesures prises dans ledit «décret», notamment «4 500 000 francs CFA net de salaire mensuel» ; «1 véhicule de fonction» ; «500 litres de carburant» ; «Chauffeur et Garde du corps», Ousmane Sonko s’est offusqué que 6 millions de Francs Cfa soient payés à des «retraités politiques à ne rien faire». Alors que, pense t-il, cette manne financière aurait pu servir à «30 emplois jeunes à raison de 200 000 francs Cfa de salaire mensuel». De toute évidence, le 17 avril 2020, date à laquelle aurait été pris le «décret numéro 2020-964» qui honore les anciens présidents du Cese, un autre décret avait été signé par le Président de la République relatif au fonctionnement du Comité de suivi des opérations de «Force Covid-19». Étrangement, il portait le numéro suivant, à savoir le 2020-965. Mystère et boule de gomme sur le numéro précédent.