Les «Droits-de-l’hommiste» apprécient diversement

24 - Septembre - 2019

La sortie du ministre porte-parole de la présidence, Abdou Latif Coulibaly, sur l’article 80 et le délit d’offense au chef de l’Etat, considéré comme «un délit suranné», est appréciée différemment par les «Droits-de-l’hommiste», même si tous militent pour la suppression de cet article de l’arsenal juridique du pays.

En effet, le fondateur d’Africa Jom Center, Alioune Tine, applaudit des deux mains cette sortie du proche collaborateur du président Macky Sall, non sans inviter ce dernier à procéder, au cours de son second et dernier mandat, à des réformes allant dans le sens d’approfondir la démocratie et l’Etat de droit.

Pour sa part, le président de la Ligue sénégalaise de défense des droits de l’homme affiche son pessimisme, estimant ainsi que la conviction exprimée par le ministre Abdou Latif Coulibaly ne rencontre pas l’assentiment du pouvoir public. Me Assane Dioma Ndiaye croit dur comme fer que le président Macky Sall ne se débarrassera pas de ces articles «fourre-tout», armes à sa disposition.

ME Assane DIOMA NDIAYE, PRESIDENT DE LA LIGUE SENEGALAISE DE DEFENSE DES DROITS HUMAINS «Abdou Latif n’est pas en phase avec le pouvoir politique, c’est sûr»

On ne peut plus faire confiance aux leaders politiques, surtout aux intérêts gouvernementaux parce que, quelles que soient les convictions personnelles de Latif Coulibaly, il est dans une solidarité gouvernementale.

Certes, il dit réitérer une position qu’il a toujours défendue, ceci ne reflète pas l’avis du gouvernement. Il n’est pas en phase avec le pouvoir politique, c’est sûr. Parce que nous savons qu’aujourd’hui, c’est une arme à la disposition du pouvoir politique. Que ce soit l’article 80 ou l’offense au chef de l’Etat, nous ne croyons pas à une volonté réelle d’aller vers la suppression de ces articles «fourre-tout». Ce sont des articles qui permettent d’éliminer momentanément ou de dissuader une critique de la part de l’opposition ou du journaliste. C’est plus une question d’état d’esprit qu’une question d’incantation. Je pense que tout ce qui a été dit jusque-là relève de l’incantatoire.

Depuis 2008, nous même, Alioune Tine et moi au Conseil des droits de l’homme des Nations unis, le gouvernement de l’Etat du Sénégal de l’époque s’était engagé à abroger l’article 80, devant les critiques générales de l’Assemblée du Conseil des droits de l’homme. Non seulement cette disposition n’a pas supprimée, mais l’actuel gouvernement qui était favorable à l’époque, continue aujourd’hui d’utiliser de plus belle ces dispositions dérogatoires du droit commun, qui sont en porte-à-faux avec la proportionnalité et surtout avec une démocratie qui se veut vitale. Donc, nous croyons que c’est une déclaration de plus, mais qui n’aura aucun effet sur l’ancrage de l’Etat par rapport à ces articles qui seront là comme des armes à leur portée pour cacher un opposant ou quelqu’un qui userait d’une très grande liberté d’expression. Ce qui nous décourage et ne nous galvanise pas, c’est les reniements habituels.

Donc, aujourd’hui, le Sénégal est toujours dans une logique politique. C’est-à-dire, on ne fait pas des plus-values parce qu’on tient à la pérennité de l’Etat de droit, parce qu’on croit à la démocratie, mais on est dans une rationalité stratégique. C’est-à-dire, on se fixe des objectifs et on se donne les moyens de les atteindre, soit pour la conquête du pouvoir, soit pour la pérennisation du pouvoir.

A parti du moment qu’il n’y a pas primauté de l’intérêt général sur l’intérêt particulier, à partir du moment où le débat démocratique est toujours escamoté au profit d’une rationalité stratégique, on sera toujours dans cette logique de louvoiement de faire croire à des choses.

Mais, en réalité, on cherche toujours dans des officines au niveau de la présidence ou ailleurs dans des laboratoires politiques, à endiguer toute critique raisonnable, ou même toute critique qui peut gêner, ou toute possibilité d’amoindrir un pouvoir politique. Nous ne croyons pas à cela, sauf un changement de cap radical. C’est-à-dire que le Sénégal soit gouverné par des hommes qui soient au-dessus de la mêlée et que pour une fois au moins qui ne sont pas animés par une ambition de rester éternellement au pouvoir, ou en tout cas de procéder à un règne sans partage, à une hégémonie des vainqueurs».

Alioune Tine, FONDATEUR DE “AFRICA JOM CENTER” : «Si c’est un signe qu’on nous envoie comme ça, nous on s’en réjouit»

Nous sommes totalement en phase avec Abdou Latif Coulibaly. Pour le taquiner un peu, je dirais que nous retrouvons notre Latif que nous aimons bien, de la société civile, défendant et faisant la promotion des droits de l’homme. Donc, nous sommes en phase parce que, comme il le dit, cet article est archaïque. Nous le combattons depuis très longtemps.

Depuis les moments où on avait arrêté les Talla Sylla à cause de cet article, ou des syndicalistes qu’on avait arrêtés sur cette base. Je pense que Mademba Sock, c’est son cas. Il y a aussi beaucoup de dissidents politiques. En réalité, c’est un texte antidémocratique, totalement dépassé aujourd’hui. De mon point de vue, que Latif l’ait dit est une très bonne chose. Pour nous, c’est très important aussi, parce que Latif, ce n’est pas n’importe qui.

C’est quand même le porte-parole de la présidence de la République qui reflète une pensée du Président Macky Sall. On s’en réjouit très profondément. Parce que le président Macky est un des présidents les plus jeunes, nés après les indépendances. Ce que nous attendons du président Macky Sall, c’est qu’en réalité il réforme profondément le Sénégal dans le sens d’un Sénégal beaucoup plus démocratique et beaucoup plus respectueux des droits de l’homme.

Si, effectivement, c’est un signe qu’on nous envoie comme ça, nous on s’en réjouit. Nous prions encore une fois le président d’aller vite pour que l’Assemblée nationale, très rapidement, prenne toutes les dispositions nécessaires pour enlever cet article qui est une véritable tache pour notre démocratie sénégalaise, parce que tous les gens qui sont arrêtés sur cette base sont considérés comme des prisonniers d’opinion, des prisonniers politiques.

Ça amène des revendications à n’en plus finir. En principe, la première alternance aurait dû commencer par enlever cet article, parce que chaque fois, les alternances se succèdent et se ressemblent. Il faut maintenant que le dernier mandat du président Macky Sall nous permette d’avancer de façon audacieuse dans l’approfondissement de la démocratie, des droits de l’- homme et de l’Etat de droit.

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