Alpha Condé : « Je ferai ce que veut le peuple de Guinée »

24 - Octobre - 2019

Premier président de Guinée élu démocratiquement, en 2010, Alpha Condé fait face à une large contestation née de la volonté que lui prête l’opposition de faire adopter une nouvelle Constitution. Cette dernière pourrait lui ouvrir la voie à un troisième mandat, interdit par l’actuelle Loi fondamentale. Interrogé au siège de la présidence, M. Condé, 81 ans, laisse planer le doute mais défend sa démarche.

Les manifestations du 14 octobre contre le projet de révision de la Constitution se sont soldées par la mort de neuf personnes, au moins. Etes-vous inquiet ?

Il peut se passer des choses beaucoup plus graves dans le monde et on ne dit rien. Mais dès que c’est ici on dit : « Ah ! ça, c’est la Guinée »… Le ministère de la santé a décidé que dès qu’il y a un mort, il faut qu’il y ait une autopsie pour savoir qui a tiré. On fait des enquêtes. On sait que ce sont eux-mêmes [les organisateurs des manifestations] qui tirent sur les gens. Quand il y a des morts, ça impressionne la communauté internationale. Là, ce sont des tentatives de déstabilisation d’un pouvoir démocratiquement élu. L’opposition a toujours été putschiste et elle se dit que s’il y a des morts, on met ça sur le dos du gouvernement.
La police, la gendarmerie n’ont aucune responsabilité ?

Nous allons faire des enquêtes. L’armée est consignée lors des manifestations. J’ai convoqué tous les chefs de la sécurité et je leur ai dit que si un élément tire, ce sont eux qui sauteront.

L’opposition refuse de participer au dialogue, comment sortir de la crise ?

Il existe un cadre de dialogue depuis 2016 réunissant majorité, opposition et partenaires internationaux. C’est là qu’on doit se retrouver. Mais mon problème est comment donner de l’emploi aux jeunes, toute leur places aux femmes et améliorer les conditions de vie des couches les plus fragiles.
Dans ce contexte, votre projet de réforme constitutionnelle reste-t-il une priorité ?

La Constitution précédente a été adoptée sans que le gouvernement soit associé à sa rédaction. C’est un concentré d’intérêts corporatistes, à tel point que l’on a été obligé de passer des accords politiques anticonstitutionnels. Elle était le fruit d’un accord pour sortir vite du régime militaire [de Dadis Camara en 2008-2009].

Après mon élection de 2010, j’ai estimé que la priorité était de relever le pays qui était à terre. Ces derniers mois, ce n’est pas moi qui ai soulevé le débat. Mais depuis un bon moment, beaucoup de gens disent que la Constitution n’est pas bonne. Quand il y a un débat dans le pays, il y a toujours du pour et du contre. J’ai donc demandé au premier ministre d’organiser des consultations pour connaître les points de vue. Des gens manifestent contre, mais il y a aussi beaucoup de monde dans les préfectures qui la veulent.

Autres actualités

13 - Mai - 2020

Au Burkina Faso, la polémique enfle autour de la gestion de la lutte contre le coronavirus

C’était le 18 mars, le gouvernement burkinabé organisait son premier « point de situation » sur l’évolution du Covid-19 face à la presse. Ce...

12 - Mai - 2020

Au moins 37 morts en Afghanistan dans des attentats contre un hôpital et lors de funérailles

L’Afghanistan a été la cible, mardi matin, de deux attaques, l’une contre un hôpital à Kaboul, l’autre ayant visé des funérailles dans...

12 - Mai - 2020

Au Brésil, des manifestants anticonfinement se regroupent tous les week-ends

Ils sont dans la rue chaque fin de semaine. Depuis deux mois, et l’arrivée de la pandémie due au coronavirus, les manifestants « anticonfinement »...

11 - Mai - 2020

Coronavirus : l’inquiétante apparition d’un nouveau foyer de contaminations en Corée du Sud

La découverte d’un nouveau foyer de Covid-19 à Séoul fait craindre une résurgence de la pandémie en Corée du Sud, pays modèle de la lutte...

11 - Mai - 2020

En RDC, le procès inédit du directeur de cabinet du chef de l’Etat, principal allié de Félix Tshisekedi

Un procès anticorruption sans précédent s’est ouvert ce lundi 11 mai en République démocratique du Congo (RDC), avec sur le banc des accusés le...