Au Mexique, la libération forcée d’un fils d’« El Chapo » embarrasse le gouvernement

19 - Octobre - 2019

La polémique ne cessait d’enfler au Mexique au lendemain de la libération, jeudi 17 octobre, d’un des fils du célèbre narcotrafiquant Joaquin Guzman, alias « El Chapo », après son interpellation à Culiacan, capitale de l’Etat de Sinaloa (Nord-Ouest) et fief de son cartel. « La capture d’un criminel ne vaut pas plus que la vie des gens », a justifié, vendredi matin, le président Andres Manuel Lopez Obrador (surnommé « AMLO »), face aux réactions mafieuses ultraviolentes qui ont mis la ville à feu et à sang.

Tirs fournis de mitrailleuses, barrages de véhicules en flammes, cadavres sur le bitume… Le chaos a envahi, jeudi après-midi, les rues de cette agglomération de 700 000 habitants. Les vidéos, diffusées par des témoins sur les réseaux sociaux, révèlent l’intensité des affrontements à l’arme lourde entre les membres du cartel de Sinaloa et les forces de l’ordre. Des scènes de guérilla urbaine qui ont fait huit morts, dont un passant.

Cette réplique musclée à l’arrestation d’Ovidio Guzman Lopez, un des neuf enfants d’« El Chapo », condamné en juillet à la prison à perpétuité aux Etats-Unis, a provoqué durant six heures un vent de panique au sein de la population de Culiacan.
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« L’opération a été mal préparée », a regretté le ministre de la défense, Luis Cresencio Sandoval. Jeudi à 14 h 45 (heure locale), une trentaine de policiers, de militaires et de gardes nationaux prenaient d’assaut une maison de Culiacan, où se trouvait M. Guzman Lopez, 29 ans, alias « El Raton (la souris) », en compagnie de trois proches.
« On a été dépassé »

Fils de la seconde épouse d’« El Chapo », cet héritier a repris avec plusieurs de ses frères les rênes du cartel de Sinaloa. « Nos hommes n’ont pas attendu l’ordre de perquisitionner, a déploré M. Sandoval. Ils ont improvisé, sans en mesurer les conséquences. » Le ministre a raconté que des dizaines de narcotrafiquants les ont encerclés et pris pour cible. Dans la foulée, ils incendiaient des bus et des camions pour bloquer dix-neuf axes routiers de la ville. Quarante-neuf détenus profitaient alors de la confusion pour s’évader de la prison de Culiacan.

« On a été dépassé », a reconnu M. Sandoval, qui a confié que des militaires avaient été enlevés puis libérés par les narcotrafiquants. Ces derniers ont aussi attaqué une résidence où logent les familles des soldats. « Nous avons alors donné l’ordre à nos hommes de se retirer de la maison », a-t-il expliqué, reconnaissant à demi-mot avoir libéré M. Guzman. La veille, le ministre de la sécurité publique, Alfonso Durazo, avait assuré que le fils d’« El Chapo » avait été arrêté par hasard au cours d’une patrouille de routine. Mais le lendemain, le président Lopez Obrador l’a contredit en révélant l’opération montée à la suite du mandat d’arrêt motivé par une demande d’extradition d’Ovidio Guzman, émis par le gouvernement américain.

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