« Au Chili, beaucoup de personnes ont été blessées de manière irréparable »

16 - Novembre - 2019

L’organisation Amnesty International a effectué une mission d’observation au Chili, du 28 octobre au 11 novembre. La chercheuse Pilar Sanmartín y a participé. Elle dénonce de graves violations des droits de l’homme de la part des forces de l’ordre depuis le début du mouvement social, mi-octobre.
Qu’avez-vous constaté lors de votre visite au Chili ?

Nous avons recensé plusieurs morts vraisemblablement provoquées par l’action de l’Etat, par un usage excessif de la force, des actes de tortures contre des personnes arrêtées dans le cadre de manifestations… Les témoignages de torture sexuelle que nous avons recueillis sont particulièrement choquants. On compte aussi des dommages physiques, notamment des blessures oculaires et des dommages à l’intégrité psychologique de nombreuses personnes. Nous avons notamment parlé avec une jeune fille de 15 ans qui a perdu un œil parce que les policiers ont tiré sans discernement sur la foule, dans le parc où elle se trouvait, pendant une petite manifestation.

Beaucoup de ces pratiques de la police et de l’armée, lorsque cette dernière était déployée pendant l’état d’urgence [durant les dix premiers jours du conflit] sont généralisées. Il y a un schéma de répression violente qui se répète depuis plusieurs semaines et se reproduit à travers tout le Chili.
Aviez-vous vu déjà observé des faits de ce type dans la région auparavant ?

L’équipe de crise d’Amnesty International est déployée dans des contextes de graves violations des droits de l’homme : exécutions extrajudiciaires, décès provoqués par un excès de l’usage de la force, disparitions forcées… Et oui, malheureusement, nous avons été témoins d’autres cas de répression en Amérique ces dernières années : au Venezuela, au Nicaragua, au Honduras… C’est un continent qui est en train de s’habituer à réprimer la population.

« Nous n’avions jamais pensé que la situation prendrait une tournure si extrême »

Au Chili, il n’est pas nouveau que les gens sortent dans la rue pour réclamer des droits sociaux et se retrouvent face à des autorités et une police qui les répriment. Mais nous n’avions jamais pensé que la situation prendrait une tournure si extrême. Aujourd’hui, l’Institut national des droits humains [INDH, un organisme public indépendant] recense 1 000 personnes blessées par armes à feu, et a déposé plus de 200 plaintes pour torture, parmi lesquelles des cas de violences sexuelles. Il y a eu plus de 6 000 personnes arrêtées dans le cadre de cette crise, c’est un chiffre très élevé. Et nous estimons que beaucoup de ces arrestations se sont faites de manière arbitraire.

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