Rwanda : Félicien Kabuga veut « être jugé en France »
C’est dans un fauteuil roulant que Félicien Kabuga, escorté par deux gendarmes, a été conduit à la barre, mercredi 20 mai. L’homme d’affaires rwandais, qui était encore la semaine dernière l’un des hommes les plus recherchés du monde, avant son arrestation, le 16 mai, à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), a comparu pendant une cinquantaine de minutes devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris.
Celle-ci doit examiner la validité du mandat d’arrêt émis par le Mécanisme des tribunaux pénaux internationaux (MTPI) de La Haye – une structure chargée d’achever les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), lequel a fermé ses portes à la fin 2014 – puis émettre un avis sur son transfèrement afin qu’il y soit jugé pour « génocide » et « crimes contre l’humanité ».
Vêtu d’un jean et d’un pull sombre, Félicien Kabuga n’a plus toute sa mobilité, mais il a toujours son regard vif et perçant. Il semble aussi avoir conservé sa mémoire. Après avoir décliné son identité, il a fait rectifier le prénom de son père et sa propre date de naissance : « Je suis né le 1er mars 1933 », a-t-il dit en kinyarwanda, la langue du Rwanda, d’une voix assez faible et en se vieillissant au passage de deux ans par rapport à la date annoncée. Il s’est déclaré veuf, père de onze enfants, et actuellement « sans travail parce qu’en prison ».
Accusé d’avoir armé les miliciens interahamwe
Recherché par la justice internationale, Félicien Kabuga est considéré comme le financier du génocide des Tutsis, qui a fait 800 000 morts entre avril et juillet 1994. Il est accusé d’avoir armé les miliciens interahamwe (« ceux qui travaillent ensemble », en kinyarwanda), en achetant notamment des centaines de milliers de machettes au cours des mois qui précédèrent les massacres.
Il lui est aussi reproché d’avoir créé la Radio-télévision libre Mille Collines, ce média qui diffusait à longueur de journée des messages de haine (« Vous allez mettre le feu aux Tutsis et ils vont regretter d’être nés… Faites du bon travail !) et de la musique entraînante, pour donner aux tueurs du cœur à l’ouvrage.