Prélèvement de 25 % pour le transport des médicaments "Yeksi Naa’’ : le pourcentage de la discorde

03 - Août - 2018

L’initiative "Yeksi Naa’’, mise en œuvre par la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) pour une disponibilité des médicaments essentiels dans les structures de santé, se heurte à une ‘’incompréhension des prestataires de santé’’ concernant le "prélèvement de 25% sur les bénéfices de la vente des médicaments’’, a appris l’APS auprès d’acteurs de la santé.

Même si‘’Yeksi Naa’’ reste un bon mécanisme de dotation de médicaments pour les structures de santé qui disposent maintenant de médicaments en quantité et en qualité, il n’en demeure pas moins que la facturation et le prélèvement des 25% des bénéfices posent problème, selon le président du Comité de santé du district sanitaire de Mbirkilane, Fallou Ndao.

Le Centre de santé de Mbirkilane (région Kaffrine) recevait jeudi une mission de journalistes en santé venus faire le point avec le responsable de la Pharmacie régionale d’approvisionnement sur la mise en œuvre de l’approche ‘’Yeksi Naa’’ (en wolof : je suis arrivé avec des médicaments de qualité et en quantité suffisante).

Dans ce district, ce sont les postes de santé de Mbeuleup, Koumpeul et Mabo qui sont les plus éloignés. Mais, ils peuvent se ravitailler en médicaments avec pour toute dépense en transport une somme ne dépassant pas 10.000 francs.

Paradoxalement, pour ces mêmes frais de transport, c’est un taux de 25% qui est prélevé sur la marge bénéficiaire, ce qui fait que le montant peut atteindre plus de 200.000 francs Cfa, a-t-il expliqué.

En fait, avec Yeksi Naa, c’est un système de dépôt-vente qui est mis en place. Ainsi, la structure de santé dispose du médicament qu’elle vend aux patients, mais la Pharmacie régionale d’approvisionnement vient par la suite recouvrer les recettes de la vente et prélever un taux de 25% sur la marge bénéficiaire.

Aussi certains infirmiers chefs de postes préfèrent-ils aujourd’hui renoncer aux médicaments de ‘’Yeksi Naa’’, du fait de ce prélèvement jugé ‘’exhorbitant’’.

Au départ, a expliqué le président du comité de santé du district, la PRA de Kaolack, qui polarise également Kaffrine, amenait les médicaments au niveau du district sanitaire. Ensuite, le dépositaire coordonnait avec les infirmiers chefs de poste pour livrer les médicaments à toutes les structures sanitaires couverts par le district.

A un moment donné, selon toujours Fallou Ndao, ‘’le retard noté dans le remboursement tardif des prestations de la Couverture maladie universelle a vraiment occasionné un blocage dans le recouvrement et le versement des 25% à la Pharmacie régionale, du fait des charges énormes occasionnées par la prise en charge des enfants de 0 à 5 ans’’.

Il y a en fait un retard sur le remboursement de la CMU au niveau des points de prestation de soin : depuis 2017, il n’y a pas eu de remboursement des prestations. Cette situation influe fortement sur le recouvrement des facturations de la PNA.

"C’est la CMU qui nous empêche de rembourser du fait que l’essentiel des prestations concernent les 0 à 5 ans qui bénéficient de gratuité’’, a-t-il expliqué.

Pour le président du comité de santé, la politique de gratuité pose d’énormes problèmes de gestion au niveau des structures de santé.

Interrogé sur ce prélèvement, la pharmacienne chef de la PRA de Kaolack, Dr Aminata Ndiaye, a rappelé la tenue d’un atelier de plaidoyer à l’initiative de la Pharmacie nationale d’approvisionnement avec tous les médecins-chefs de région et les médecins chefs de district, pour s’accorder sur le taux à prélever sur la marge bénéficiaire réalisée par les structures sanitaires sur la vente des produits.

"Les résultats de cette rencontre devaient être partagés au niveau des réunions de coordination dans les districts sanitaires pour mieux comprendre ce prélèvement de 25% sur les bénéfices’’, a-t-elle fait valoir.

Elle a indiqué que les 25% prélevés servent, entre autres, à prendre en charge les opérateurs de distribution des médicaments dans les structures de santé et à l’achat de carburant.

Pour le médecin-chef de district, Dr Papa Birahim Seck, ‘’il faut une approche didactique et informative, pour que les gens comprennent la politique mise en œuvre pour une meilleure accessibilité et disponibilité des médicaments afin d’éviter les désaccords’’.

"Yeksi Naa’’ renforce le système de santé. On vous facture seulement ce que vous avez vendu’’, a-t-il précisé.

"Avant, on achetait des médicaments. Il y avait beaucoup de déperditions, des invendus, des produits périmés avec beaucoup de pertes pour la structure de santé, mais, maintenant, les invendus, les produits périmés sont retournés à la PRA sans être facturés. C’est un avantage pour les structures de santé’’, a défendu le Dr Seck.

Des membres de l’Association des journalistes en santé effectuaient une visite de trois jours dans les régions de Diourbel, Kaolack et Kaffrine, pour voir la mise en œuvre de l’initiative ‘’Yeksi Naa’’ au niveau de certaines structures de santé.

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