« Les jeunes Libanais ont moins de réticences que leurs aînés à renverser la table »
Depuis jeudi, un mouvement de contestation d’une ampleur inédite paralyse le Liban, après l’annonce d’une taxe sur les appels effectués via WhatsApp, censée renflouer un peu les finances exsangues du pays. Lundi, le premier ministre libanais, Saad Hariri, a annoncé l’adoption d’une série de réformes et du budget 2020, retardés ou bloqués par les divisions au sein de la coalition gouvernementale. Lors d’un tchat, Benjamin Barthe, correspondant du Monde à Beyrouth, a répondu aux questions des internautes du Monde.fr.
Djamila : il semble que ces manifestations soient multiconfessionnelles. Si c’est le cas, est-ce nouveau ?
Benjamin Barthe : Ce n’est pas complètement nouveau. Les manifestations antisystème de l’été 2015, déclenchées par la crise de la collecte des ordures, précurseur du mouvement de protestation auquel on assiste aujourd’hui, avaient déjà une dimension multiconfessionnelle. La caractéristique principale de la révolte actuelle, outre son ampleur, réside dans sa diffusion géographique. Ce ne sont pas seulement les Beyrouthins qui manifestent, comme c’était le cas en 2015, mais aussi les gens de Tripoli, au Nord, une ville à majorité sunnite, de Tyr, au Sud, qui est à majorité chiite, des localités de la montagne chrétienne et druze, au Nord et à l’Est.