La Turquie condamne des universitaires à la prison

13 - Mai - 2019

Maître de conférences à l’université Claude-Bernard Lyon-I en France, le mathématicien turc Tuna Altinel a été arrêté et placé en détention provisoire, samedi 11 mai en Turquie, sous l’accusation de « propagande en faveur d’une organisation terroriste ». Inédites, son arrestation et les charges qui pèsent contre lui attestent, une fois de plus, du recul des droits et des libertés en Turquie où les universitaires sont persécutés pour leurs convictions.

Début 2016, il avait signé, avec près de 2 000 collègues, une pétition réclamant la fin des opérations militaires qui faisaient rage dans les villes kurdes du sud-est du pays. Près de 700 universitaires sont aujourd’hui poursuivis en justice à cause de cette pétition en faveur de la paix, assimilée désormais à un acte de propagande en faveur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), la bête noire d’Ankara. Parmi eux, 191 ont été condamnés à des peines allant de 15 mois à 3 ans de prison.

Installé en France depuis vingt-trois ans, titulaire d’un passeport turc, Tuna Altinel ne s’est jamais dérobé à la justice de son pays. Poursuivi pour avoir signé la pétition, il est venu en Turquie le 28 février pour déposer devant un tribunal, après quoi il a pu rentrer à Lyon sans encombre, ne faisant alors l’objet d’aucune condamnation.

Les ennuis ont commencé au deuxième voyage, le 12 avril, dès son arrivée à l’aéroport. Au contrôle des passeports, il a été emmené par un policier dans un bureau. Après un interrogatoire sur son engagement politique et ses liens avec des organisations kurdes, son passeport lui est retiré, « invalidé », lui dit-on. La mesure étant illégale – il faut une décision de justice pour priver quelqu’un de son passeport –, le document est officiellement déclaré « perdu ».

Tuna Altinel quitte donc l’aéroport sans passeport. Il ne peut plus quitter le pays et doit renoncer à rentrer à Lyon donner ses cours. Commence alors un parcours du combattant dans les méandres de l’administration. Il se rend à Balikesir, une ville de la région de Marmara, où le passeport a été émis.
Activités scrutées

Vendredi 10 mai, il débarque à la préfecture en quête d’explications… et en repart quelques heures plus tard avec les menottes. Le lendemain, il est placé en détention provisoire pour avoir participé à une conférence sur les Kurdes de Turquie à Lyon. L’événement, organisé par une amicale kurde le 21 février, a eu lieu en présence d’un député en exil du Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde, troisième formation au Parlement) pour la ville de Cizre, encerclée et détruite par les combats de l’hiver 2015-2016 au prix de nombreux morts civils.

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