En Cisjordanie, le coronavirus exacerbe la défiance envers les autorités

04 - Avril - 2020

Sur les réseaux sociaux ou via les messageries instantanées, les rumeurs se sont propagées plus vite que le virus lui-même en Cisjordanie. Il y a eu les traditionnelles théories du complot qui voient derrière le Covid-19 la main d’un Etat étranger et hostile, les remèdes « miracles » vantés par des commerçants pas très regardants ou les bilans fantaisistes, mais forcément alarmistes. Parfois même, quelques noms ont été divulgués, accompagnés de photos de personnes supposément malades. Le vent de panique qui a saisi la planète à mesure de l’avancée du coronavirus a ravivé ici, des petites rues des villages du nord de la Cisjordanie aux faubourgs de la ville d’Hébron dans le Sud, une question récurrente : en temps de crise, à qui les Palestiniens peuvent-ils se fier ?

« Nous sommes livrés à nous-mêmes », répond Marwa Fatafta, analyste au centre de réflexion palestinien Al-Shabaka. La chercheuse rappelle que l’Autorité palestinienne est dirigée par un « gouvernement non démocratique. Nous n’avons pas eu d’élections depuis plus d’une décennie. Les gens ne font confiance ni à l’Autorité palestinienne ni au président. Partant de cela, en tant que Palestinien, en Cisjordanie, où va-t-on chercher des informations vérifiées ? Et jusqu’à quel point peut-on croire les statistiques officielles ? »

A raison de deux rendez-vous quotidiens, matin et soir, qui énumèrent le nombre de malades et leur localisation, par voie de communiqués et de messages diffusés sur les ondes des radios locales, sur les réseaux sociaux et sur un site Internet dédié, le gouvernement déclare lui « avoir repris en main le récit ». Il est épaulé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Unicef, qui ont mis sur pied une campagne de communication. Au détour des carrefours désormais bien moins bruyants que d’ordinaire, sur les écrans des distributeurs de billets ou via leurs téléphones portables, les Palestiniens ont vu fleurir textes et dessins leur récapitulant les gestes pour se prémunir contre le virus.
« Un schéma où on aurait une seule vérité »

« On tente de combler les manques. C’est quand il y a des trous dans l’information que les fake news s’épanouissent », affirme le porte-parole du gouvernement palestinien, Ibrahim Milhem. Quelques personnes ont aussi été arrêtées, « pour servir de leçon », ajoute-t-il, en vertu notamment de la très décriée loi sur la cybercriminalité, qui prévoit des peines de prison et amendes pour la publication de textes portant « atteinte à l’intégrité de l’Etat ».

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