Au Venezuela, une crise alimentaire « exponentielle »

16 - Juillet - 2019

Le 5 juillet, jour anniversaire de l’indépendance du Venezuela, des miliciens participent au défilé militaire sur la grande allée Los Proceres de Caracas. Ils portent, au lieu d’une arme, une caisse en carton marquée du sigle « CLAP » (comité local d’approvisionnement et de production). Sur les réseaux sociaux, les commentaires sont amers : « Le gouvernement de Nicolas Maduro a raison. Plus rien à faire de l’indépendance nationale, le pays veut manger », commente un internaute. Vingt ans de révolution bolivarienne ont conduit le Venezuela au désastre : les sanctions décrétées par Washington pourraient le plonger dans la famine.
Les caisses du CLAP contiennent du riz, de la farine de maïs, des lentilles, des haricots rouges, de l’huile, du lait. Ils sont distribuées deux fois par mois aux titulaires du « carnet de la patrie » délivré par les autorités. Officiellement,6 millions de Venezueliens bénéficient de ce programme de distribution à prix régulés. Mis en place en 2016, au plus fort des pénuries alimentaires, il est désormais miné par l’inefficacité et la corruption.
Selon le dernier bulletin de l’organisation catholique Caritas, 67 % des foyers vénézuéliens disent avoir déjà souffert de privations alimentaires. Dans le rapport 2019 de l’agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation sur la malnutrition dans le monde, le cas du Venezuela est mis en exergue pour la hausse dramatique de la faim : sur la période 2016-2018, 21,2 % des Vénézuéliens étaient sous-alimentés.

Près de 4 millions de leurs compatriotes ont fait le choix de l’exil. Les migrants disent souvent quitter le pays « pour manger trois fois par jour ». Selon Aquiles Hopkins, le président de la Fédération des producteurs agricoles et des éleveurs, « le pays, qui produisait 70 % de ce qu’il consommait en 1998, ne couvre plus que 20 % de ses besoins » aujourd’hui.
Comment le Venezuela, immensément riche en pétrole et longtemps fleuron de l’économie latino-américaine, en est-il arrivé là ? Le pays a en partie fait les frais de sa richesse pétrolière. L’envolée des cours du brut au début des années 2000 a stimulé les importations agricoles au détriment de la production locale. Soucieux de gagner les élections, le gouvernement chaviste a dépensé sans compter et accentué la tendance. A partir de 2013, la diminution de la production nationale de pétrole (passée de 2,5 millions de barils par jour en 2008 à 740 000 en juin 2019, selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole) et l’effondrement des prix ont plongé le pays dans la crise.

Autres actualités

08 - Mai - 2020

La France retire sa décoration à un tortionnaire argentin

Le tortionnaire argentin Ricardo Cavallo ne pourra plus se prévaloir de l’Ordre national du mérite français. Le gouvernement a finalement décidé de...

08 - Mai - 2020

Coronavirus : à Abidjan, la banqueroute des patrons de l’informel

A la recherche d’un amortisseur, Moussa Sidibé se contorsionne pour s’enfoncer dans sa boutique, une caverne d’Ali Baba pour véhicules japonais. S’y...

07 - Mai - 2020

Face à la pandémie, le Royaume-Uni a choisi un modèle économique européen

Le pays d’Adam Smith et de Margaret Thatcher semble avoir oublié la main invisible. Face à la pandémie, le Royaume-Uni a effectué un virage économique,...

07 - Mai - 2020

En Afrique du Sud, l’ancien président Zuma affirme que l’un de ses fils a été empoisonné

L’ancien président sud-africain Jacob Zuma a affirmé que son fils décédé en 2018 avait été empoisonné par des individus qui...

06 - Mai - 2020

Podcast. La Chine va-t-elle dominer le monde d’après ?

Depuis le début de la crise de coronavirus, la Chine occupe une place bien particulière. Après le départ de l’épidémie à Wuhan dans la...