Au Venezuela, les quartiers pauvres se détournent de Maduro

04 - Février - 2019

La plupart du temps, il s’en sort grâce à l’argent envoyé par son frère installé au Pérou. Trente-cinq ans, coupe impeccable, la parole douce et forte comme un tic d’enfance, Jairo Rodriguez a perdu son travail à la mairie de Petare, le plus grand bidonville de Caracas et fief historique du régime, où les affiches usées du président Nicolas Maduro flottent au gré du vent sur les façades des immeubles non moins décatis. Jairo avait refusé d’aller manifester contre les opposants. « J’ai simplement dit non, ils ne m’ont pas repris. » Depuis, il vit avec sa mère et un autre de ses frères. Il n’a ni travail ni aide sociale.

Le père de Jairo Rodriguez a toujours voté pour le parti d’Hugo Chavez, mentor et prédécesseur de l’actuel président. Sa mère aussi, même si depuis l’élection de Nicolas Maduro en 2013, remportée de justesse avec 50,6 % des voix, elle est devenue plus critique. Jairo, lui, a basculé. « Au début, c’était dur d’être dans l’opposition », glisse-t-il. Les quartiers José Felix Ribas, Fechas Patrias et Bombilla, qui forment le gros des troupes chavistes de Petare, envoyaient leurs hommes de main, les colectivos armados, dès la moindre initiative. « Ils nous menaçaient, ils promettaient de couper les subsides, parfois ils tiraient. »
Hyperinflation

Et puis la situation a changé. Le pays tout entier s’est effondré. L’économie a vu ses résultats se contracter de moitié. Les médicaments ont disparu. La nourriture s’est envolée des étals. La production de pétrole s’est écroulée. Et l’hyperinflation annuelle a atteint 1,7 million pour cent. « On n’avait déjà rien, souffle Jairo, alors vous imaginez. »
Lire aussi Venezuela : comment en est-on arrivé à cette tentative de renversement de Nicolas Maduro ?

Comme partout ailleurs dans le pays, Petare connaît un exode de ses habitants. A l’échelle nationale, ils sont 2,6 millions de Vénézuéliens à avoir ainsi fui ces dernières années vers les pays voisins, environ 10 % de la population. Un volume sans précédent en Amérique latine.
Des Vénézuéliens traversent le pont Simon Bolivar dans la ville Cucuta, en Colombie, à la frontière avec le Venezuela, le 3 février.
Des Vénézuéliens traversent le pont Simon Bolivar dans la ville Cucuta, en Colombie, à la frontière avec le Venezuela, le 3 février. AFP

Jairo Rodriguez n’est pas parti. Il s’est même affirmé comme leader de sa communauté de quartier. A travers son église aussi. « Les colectivos armados sont toujours là, mais nous sommes devenus majoritaires », souffle-t-il.

Chose impensable il y a encore quelques mois, Jairo a organisé des marches à Petare pour rejoindre les meetings de l’opposition, dans le centre-ville. D’autres ont suivi. Comme une traînée de poudre, plusieurs manifestations ont eu lieu ces derniers jours dans certains bidonvilles emblématiques : Catia, El Cementerio, La Candelaria ou La Pastora. Des noms qui résonnaient pourtant dans la mythologie chaviste comme autant de forteresses imprenables.

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