Au Mexique, la double crise migratoire tourne au casse-tête pour « AMLO »

11 - Mai - 2019

Victime de sa main tendue aux immigrés clandestins, le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »), affronte une double crise migratoire aux deux frontières du Mexique. Au sud comme au nord, les centres d’accueil des migrants sont saturés. Pris de court par des flux d’une ampleur inégalée, AMLO est contraint d’infléchir sa politique migratoire humanitaire sous la pression du puissant voisin américain.

Chaque jour, les sans-papiers franchissent par centaines, parfois par milliers, le fleuve Suchiate, qui sépare le Guatemala du Mexique. Leur nombre est évalué à plus de 300 000 lors du premier trimestre 2019 par l’Institut national mexicain des migrations (INM), soit trois à quatre fois plus que les années précédentes. Du jamais-vu lié au nouveau phénomène des caravanes de Centraméricains, fuyant ensemble la misère et la violence de leurs pays d’origine. Ce tsunami migratoire provoque des goulots d’étranglement. A Tapachula, principale ville frontalière avec le Guatemala, les clandestins attendent en masse des permis de transit pour continuer leur route vers les Etats-Unis.
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Mardi 7 mai, une centaine d’entre eux s’est échappée du centre de rétention administrative de Tapachula, fuyant la surpopulation et la menace d’expulsion. C’est le quatrième incident en deux semaines dans cet établissement d’une capacité d’accueil de 900 personnes, qui en héberge plus du double dans des conditions d’hygiène dénoncées par la Commission nationale des droits de l’homme au Mexique (CNDH). Le 26 avril, quelque 1 300 clandestins quittaient les lieux par la force.
« Bonnes intentions »

Même tension au nord, alors que les demandeurs d’asile aux Etats-Unis sont bloqués dans les villes frontalières mexicaines depuis que Mexico a accepté, en décembre 2018, de les accueillir le temps que la justice américaine traite leurs dossiers. Certains s’impatientent et bravent l’interdiction de traverser la frontière américaine, provoquant des tragédies. Un nourrisson de 10 mois a été retrouvé mort, mercredi 1er mai au Texas, après le chavirement d’un canot pneumatique à bord duquel sa famille tentait de passer le Rio Grande, l’autre fleuve frontalier.

En avril, 109 144 migrants ont été arrêtés par les autorités américaines ; 64 % d’entre eux voyageaient en famille avec des mineurs. En se livrant avec des enfants, nombreux sont ceux qui espèrent ne pas être renvoyés au Mexique. De quoi provoquer l’ire du président américain, Donald Trump, qui menace son voisin de fermer leur frontière commune ou de lui imposer des taxes douanières, dénonçant le « manque de volonté » du gouvernement mexicain à arrêter les flux migratoires.

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