Au Japon, Shinzo Abe rattrapé par une vieille affaire de corruption
Trois ans après, l’affaire de favoritisme au profit de l’institution éducative Moritomo Gakuen revient hanter le premier ministre japonais, Shinzo Abe, et son ministre des finances, Taro Aso. Alors qu’ils pensaient en avoir définitivement fini avec cette vieille affaire, la voilà qui revient sur le devant de la scène en pleine crise du coronavirus. La faute à Mme Akagi – elle ne veut pas donner son prénom – qui a finalement décidé le 18 mars de porter plainte contre le gouvernement central. La veuve de Toshio Akagi, le directeur du bureau du ministère des finances de la région du Kansai qui s’est suicidé en mars 2018, réclame 112 millions de yens (environ 900 000 euros) de dommages et intérêts. Avant de se donner la mort, ce haut fonctionnaire avait laissé une note où il reconnaissait avoir dû falsifier des documents officiels sur ordre de l’ancien directeur de l’agence japonaise des impôts, Nobuhisa Sagawa, qui lui-même aurait agi pour protéger M. Abe.
L’affaire Moritomo Gakuen avait éclaté le 8 février 2017. Elle révélait que ce groupe, engagé dans la promotion d’un enseignement « réaffirmant le caractère impérial du Japon », avait bénéficié d’un rabais de près de 85 % pour l’acquisition d’un terrain à Osaka appartenant au ministère du territoire afin d’y construire une nouvelle école. Les dirigeants de Moritomo, Yasunori Kagoike, et son épouse, Junko, sont proches d’Akie Abe, l’épouse du premier ministre, qui avait été nommée proviseure honoraire du futur établissement. Son nom, comme celui de son mari et d’autres hauts responsables politiques, apparaissait dans 14 documents administratifs liés à la cession du terrain. M. Sagawa aurait fait pression sur M. Akagi et le bureau des finances du Kansai, chargés de la transaction, pour les effacer. L’une des parties supprimées était une citation de Mme Abe, qui appuyait la transaction : « C’est un bon terrain. Veuillez continuer. »