A moins de six mois du Brexit, « trop de questions sans réponse » pour les expatriés français
C’est un dessin griffonné sur la page de garde de son agenda 2018-2019. Chaque 29 du mois, Amandine N. ajoute un petit trait. D’abord la potence, complètement achevée. Puis le pendu, qu’on devine déjà. « Ça représente parfaitement mon état d’esprit, dit cette Française de 32 ans, qui vit dans le Sussex depuis sept ans. J’attends l’exécution. » Le 29 mars 2019, date à laquelle le Brexit, voté en juin 2016, doit officiellement entrer en vigueur.
Originaire de Chartres, Amandine N. a gagné la Grande-Bretagne pour rejoindre son « amour d’Erasmus », un musicien mancunien « un peu évaporé », rencontré à Barcelone. Son couple n’a pas passé le premier hiver britannique. Son amour du pays, lui, a perduré. « Pour un tas de clichés : l’autodérision, les gazons, les currys et la bière, le sentiment que peu importe si on est jaune, vert, bleu, chauve, unijambiste, on peut tracer sa route sans être regardé de travers », récite mélancoliquement la trentenaire.
A force de rencontres et d’opportunités, cette « éternelle indécise » devenue cuisinière a fini par « construire son petit nid », dans ce pays dont elle pensait qu’il l’avait « acceptée comme l’une des siens ». Où elle se voyait « devenir adulte. Fonder une famille même, qui sait » ? Un sentiment de « confiance » qui lui semble aujourd’hui « presque irréel ».