Rwanda : la bataille des archives entre historiens et militaires français

05 - Avril - 2019

C’est l’histoire d’une double trahison et, peut-être, d’un rendez-vous manqué avec l’histoire. Tout commence il y a un an, lorsque, après la publication dans Le Monde d’une série d’articles sur les derniers secrets de la France au Rwanda, Emmanuel Macron est sollicité par un de ses amis dans un SMS laconique : « Tu as vu les articles du Monde ? Es-tu prêt à recevoir Stéphane Audoin-Rouzeau pour parler du Rwanda ? » « Oui », répond le président.
Si le rendez-vous n’a finalement pas lieu, l’historien de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste des violences de masse et de la première guerre mondiale, écrit une note résumant les reproches faits à la France dans le dossier rwandais. Il soumet aussi au chef de l’Etat l’idée de créer une commission d’historiens chargée d’examiner les archives militaires et civiles sur la période 1990-1994.
L’idée n’est pas nouvelle, Stéphane Audoin-Rouzeau l’a énoncée dans un article de la revue Esprit en 2010, mais elle est d’actualité depuis que Paris et Kigali ont renoué des relations cordiales. L’enjeu ? Ecrire enfin une histoire apaisée et juste de ce que fut le rôle de la France dans la dernière grande tragédie du XXe siècle.
« Propos hostiles à l’armée »
Deuxième acte, vendredi 9 novembre 2018, à l’Historial de Péronne, où Emmanuel Macron achève sa semaine d’itinérance mémorielle sur la Grande Guerre. Stéphane Audoin-Rouzeau l’accueille, car il dirige le centre de recherche du site. Les deux hommes ont un aparté autour du Rwanda : « Il faut que l’on vous mandate sur les archives », promet alors le président. L’historien jubile, il croit l’heure de vérité venue. Il va vite déchanter.

Troisième acte : jeudi 28 février, Franck Paris, le conseiller Afrique du président, convoque Vincent Duclert, historien spécialiste du génocide des Arméniens, pour lui annoncer devant un parterre de diplomates sa future nomination comme président de la fameuse commission, qui devait être officialisée, vendredi 5 avril. Mais le conseiller l’avertit : Audoin-Rouzeau n’en sera pas, tout comme sa meilleure élève, Hélène Dumas, l’une des rares chercheuses à maîtriser le kinyarwanda, qui est aussi récusée, « en raison de propos hostiles à l’armée française ».

Autres actualités

02 - Juillet - 2019

Présidence finlandaise de l’UE : la lutte contre les menaces hybrides au programme

Propagande, tentatives de déstabilisation, menaces en tout genre : les relations avec la Russie ont beau s’être pacifiées depuis la fin de la guerre froide, la Finlande...

02 - Juillet - 2019

Rue de la Démocratie, dans la banlieue d’Athènes, les électeurs ne croient plus à Syriza

A Aigaleo, dans la banlieue ouest d’Athènes, les troupes de Syriza essaient de se mobiliser à l’approche des législatives du 7 juillet. Aux dernières...

28 - Juin - 2019

« Boris Johnson est le seul à pouvoir faire peur à l’Europe »

Ce sont des Blancs (97 %), en majorité des hommes (70 %), âgés pour 56 % d’entre eux de plus de 55 ans, et ils ont l’avenir du Royaume-Uni entre leurs mains. Les...

28 - Juin - 2019

A l’OTAN, les Etats-Unis affichent leur « retenue » face à l’Iran

Mark Esper, le nouveau secrétaire américain à la défense par intérim, l’a dit à ses homologues et l’a répété trois fois...

27 - Juin - 2019

Au Nigeria, les Peuls pris au piège de la guerre pour la terre

« Poussez-vous ! » Un épais nuage de poussière se soulève sous les cris et les coups de bâtons d’adolescents coiffés de chapeaux de paille : la...
']); _gaq.push(['_trackPageview']); (function() { var ga = document.createElement('script'); ga.type = 'text/javascript'; ga.async = true; ga.src = ('https:' == document.location.protocol ? 'https://ssl' : 'http://www') + '.google-analytics.com/ga.js'; var s = document.getElementsByTagName('script')[0]; s.parentNode.insertBefore(ga, s); })();