Management artistique NECESSITE DE PROFESSIONNALISATION

05 - Septembre - 2018

Qu’il soit comédien, chanteur ou encore peintre, un artiste a forcément besoin de ce qu’on appelle un «manager d’artiste», s’il veut vraiment aller de l’avant. Ce manager ou agent d’artiste est un intermédiaire qui prend en charge la carrière de l’artiste. Ce qui l’oblige à avoir une bonne formation en la matière, soutient le consultant culturel Guissé Pène. Mais, au Sénégal, pour la plupart des cas, c’est un ami ou un parent qui n’a que la simple passion pour la musique qui joue le rôle de manager. Or, à en croire le manager Safouane Pindra, le fait pour un artiste de laisser sa carrière entre les mains de celui qui n’est pas efficace, peut avoir des conséquences sur son avenir.

Même s’il est l’allié incontournable dans la gestion de la carrière d’un artiste, le manager n’est pas tout le temps pris comme il le faut au Sénégal. Excepté certains artistes ou groupes qui en ont, des professionnels, beaucoup prennent à leurs côtés des amis ou des parents qui leur jouent ce rôle. Et pourtant, le métier de «manager d’artiste» est loin d’être simple comme on le croit. En plus de jouer l’intermédiaire entre les artistes et les différents acteurs de l’industrie musicale, le manager d’artiste doit aussi œuvrer à «protéger et défendre en toute circonstance les intérêts de l’artiste».
Ce qui signifie qu’il doit avoir, entre autres qualités, une bonne formation, une large expérience, un niveau culturel élevé. «Le management nécessite une formation et une expérience. Et le manager d’artiste aussi doit tenir compte du contexte sociologique et de l’environnement de l’artiste parce qu’on ne peut pas manager un artiste en Europe et manager un artiste africain avec le même contexte sociologique et culturel», soutient le consultant culturel Guissé Pène.

UN SYSTEME MANAGERIAL ARTISTIQUE «FAIBLE», AVEC PEU DE «COMPETENCE OU PRESQUE PAS» AU SENEGAL

Toujours sur cette formation, le manager Safouane Pindra embouche la même trompette. «Un manager doit aller à l’école et avoir le minimum de connaissances», renchérit le manager général du label d’Optimiste Production.
Il faut dire que le succès d’un artiste, même s’il ne l’avoue pas, reflète dans la majorité des cas une bonne gestion managériale. Beaucoup d’artistes meurent seuls à cause de ce manque. Selon Safouane Pindra, «si l’artiste n’a pas un bon manager, il ne pourra jamais évoluer». Malgré tout, il faut reconnaitre que dans notre pays, le système managérial artistique est «faible» et il y a peu de «compétence ou presque pas» dans ce domaine. «Le métier de manager d’artiste n’est pas professionnalisé au Sénégal, même pour les grands artistes. Quand on veut parler de managers, il n’y a pas 5 managers, au vrai sens du terme, au Sénégal», estime Safouane Pindra.

«BEAUCOUP PLUS D’ACCOMPAGNANTS OU DE GARÇONS DE COURSES QUE DE MANAGERS» AU SENEGAL

Sur ce manque de professionnalisation du management artistique, l’ancien président de l’Association des métiers de la musique, Guissé Pène, va très loin. «Aucun des métiers des arts et de la culture n’est professionnalisé au Sénégal. Je ne parlerai même pas de manager. Ils n’ont pas de statut et les quelques rares managers qu’on trouve au Sénégal et qui ont suivi, par exemple, des formations académiques, il n’y en a pas plus de trois», soutient-il.
Pis, ajoutera-t-il, «les rares managers que l’on peut trouver sont issus, peut-être, de nos initiatives à travers un projet de la Banque mondiale. Mais on ne peut pas dire qu’il y a des managers au Sénégal. Il y a beaucoup plus d’accompagnants ou de garçons de courses que de managers. Et, le contexte au Sénégal, c’est que c’est l’artiste lui-même qui fait tout. Il a la charge de sa carrière».

«SI L’ARTISTE VEUT ETRE INTERNATIONAL, IL LUI FAUT QUELQU’UN DU METIER»

A en croire Safouane Pindra, qui est aussi l’initiateur du Festival Yaakaar, il est donc très difficile pour un artiste d’évoluer seul, sans une personne lumière pour lui éclairer la route. Toutefois, le manager culturel est d’avis que le type de managers dépend des objectifs de l’artiste. «Ça dépend de là où veut aller l’artiste. Si c’est le marché sénégalais qui l’intéresse, ça, il n’a pas besoin de grand-chose. Mais s’il veut être un artiste reconnu mondialement, comme Youssou Ndour qui fait un album international et un album pour le Sénégal et qui a son manager au Sénégal et son manager sur le plan international, il faut quelqu’un du métier», fait savoir Safouane Pindra.

Mieux, dit-il, «si l’artiste veut être international et qu’il a toujours sa femme ou bien son ami d’enfance à côté de lui et qui n’a aucune notion du management, il ne va jamais décoller». Pour l’initiateur du Festival Yaakaar, un manager professionnel peut avoir à la fois jusqu’à dix artistes. A la question de savoir si ce n’est pas le fait que le manager culturel est une denrée rare sur le marché qui oblige les artistes à avoir leurs femmes ou leurs amis à leur côté, Safouane Pindra répond: «les gens se forment selon la demande du marché. Donc, s’il y avait vraiment un marché, vous verrez que les boys allaient se débrouiller pour faire une formation».

Pour sa part, Guissé Pène estime que «la carrière n’est pas sous la responsabilité d’un manager au Sénégal. Donc, s’il y avait peut-être plus de managers au Sénégal, cela réduirait l’impact négatif que cela a au Sénégal. Car, quand on parle, on s’adresse à l’artiste, c’est lui commande et qui donne les ordres au manager». Quoi qu’il en soit, force est de retenir que le manager d’artiste joue un rôle central dans le développement de la carrière d’un artiste.

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