Les Bosniens émigrent en masse vers l’Europe centrale
Tous les matins d’ouverture, la même scène impressionnante se répète devant le consulat de Slovénie à Banja Luka, la grande ville du nord de la Bosnie-Herzégovine, où les électeurs sont appelés aux urnes, dimanche 7 octobre, pour des élections générales. Par dizaines, des Bosniens font la queue pour obtenir l’autorisation de partir. Nenad Covic, qui attend patiemment son tour, ce 26 septembre, pour retirer son permis de travail d’un an, lève les yeux au ciel quand on lui demande combien de personnes de son entourage ont déjà fait la queue ici avant lui : « Rien que pour mon village, déjà une cinquantaine ! Ma femme est partie en Slovénie il y a vingt jours, moi, je vais faire chauffeur-livreur, explique ce moniteur d’auto-école. Je serai payé 850 euros, logé et nourri, mais ce n’est pas le principal argument. Je le fais surtout pour mes enfants. Je ne sais pas s’ils seront capables de survivre dans un Etat pareil. Ici, rien ne marche. »
« Tout mon quartier est parti pour la Slovénie », renchérit un peu plus loin Jasmin, 29 ans, qui a une promesse d’embauche d’une entreprise d’emballage. « C’est ma sœur qui travaille déjà là-bas qui m’a pistonné, je vais gagner le double de ce que je gagne actuellement dans mon entreprise de parquet », explique ce Bosnien qui a fait deux heures de route pour déposer sa demande de permis de travail. Lui aussi espère que sa femme le rejoindra bientôt.
Face à un climat économique et politique désespérément sombre, les Bosniens prennent de nouveau la route en masse. Rien à voir, certes, avec l’exil de centaines de milliers de réfugiés pendant la guerre qui a déchiré leur pays entre 1992 et 1995, mais l’attrait de l’Union européenne (UE) va grandissant depuis que les usines des pays d’Europe centrale, en plein boom, ouvrent grand la porte à cette main-d’œuvre pas chère et culturellement proche.

