Diafra Sakho : « Face à la Pologne, je penserai à mes deux années de souffrance »

19 - Juin - 2018

Comme Sadio Mané, il est passé par la pépinière sénégalaise Génération Foot, puis le FC Metz avant de rejoindre plus tard la Premier League. Au Stade rennais depuis l’hiver dernier, Diafra Sakho, 28 ans, a dû surmonter des blessures pour finalement débarquer en Russie avec le costume de titulaire. L’avant-centre a pris quinze minutes pour évoquer le retour des Lions en Coupe du monde face à la Pologne.

Le Sénégal et la Pologne vont être les dernières équipes à entrer en lice en Russie. C’est pas trop frustrant de voir le Mondial se dérouler depuis quelques jours en rongeant son frein ?
C’est sûr qu’on a envie de jouer ! La Coupe du monde, c’est excitant. Toute la population sénégalaise attend ça depuis seize ans, et on sait que le jour J, tous les Sénégalais seront devant leur télé. Il ne faut pas qu’on oublie qu’il y a des gens qui ont du mal à trouver un boulot ou gagner de l’argent, alors à nous de les rendre fiers en jouant, que ce soit 90 ou cinq minutes… Et, à nous d’être calmes et concentrés sur le terrain pour bien commencer la compétition.
Le sélectionneur, Aliou Cissé, était le capitaine du Sénégal qui s’est hissé en quarts de finale de la Coupe du monde en 2002. Qu’est-ce que ça t’inspire ?
Il a fait ses preuves. C’est pour ça qu’on lui a donné les clefs de l’équipe nationale. N’oublions non plus qu’il a emmené l’équipe olympique en quarts de finale à Londres, en 2012. Il a aussi prouvé que les Africains ne sont pas obligés de déléguer leur équipe nationale à des sélectionneurs étrangers. Il y a aussi des entraîneurs au Sénégal qui ont les compétences et les diplômes pour y arriver.

Qu’est-ce qui le caractérise, Aliou Cissé, comme sélectionneur ?
« Aliou Cissé a prouvé que les Africains ne sont pas obligés de déléguer leur équipe nationale à des sélectionneurs étrangers. »
C’est un mec de caractère. Il était dur sur l’homme sur le terrain, et ça se ressent aussi à sa manière d’entraîner. Quand on regarde le Sénégal jouer aujourd’hui, on voit que c’est l’ADN qu’il nous a transmis… Si le match ne se passe pas bien, à la mi-temps, il a une façon dure, mais positive de nous rentrer dedans pour nous dire qu’on n’est pas bons. Il favorise toujours l’équipe plutôt que les individualités, et c’est en ayant l’esprit collectif que les individualités vont pouvoir ressortir après.
Tu avais douze ans lors de la Coupe du monde 2002…
Pour nous tous, c’est le meilleur moment de notre jeunesse ! On se réveillait à six heures du matin pour voir les matchs du Sénégal. Et leur parcours nous donne, à nous aussi, l’envie de marquer notre époque.

Le joueur phare des Lions, c’est Sadio Mané. C’est quel genre de personne au sein du groupe ?
C’est un leader ! Le leader technique de l’équipe. Nous, les attaquants, on aura besoin de lui pour marquer des buts, et, nous aussi, on sera là pour l’aider. On connaît la vitesse de l’attaque sénégalaise et si on arrive à combattre défensivement et être patients, on aura des opportunités en attaque.
Sept joueurs du groupe évoluaient en Ligue 1 en 2017-2018, et vous étiez trois au Stade rennais. Est-ce que ça vous rapproche particulièrement ?
Déjà, jouer ensemble en club, ça ne peut que nous aider. Abdoulaye (Diallo) et Ismaïla (Sarr) sont des bons mecs avec qui j’avais des bonnes relations avant de venir à Rennes. À Rennes, on était souvent ensembles, on parlait de la Coupe du monde et maintenant, on va essayer de gagner notre place au sein de l’équipe.
La Coupe du monde, c’est le Graal dans une carrière de footballeur. Quelles sont les épreuves que tu as traversées avant d’y arriver ?
« Je te le dis tout de suite : je n’aurais jamais pensé disputer la Coupe du monde deux ou trois ans en arrière. J’ai subi une blessure au dos, je me suis fait opérer de la cheville… »
Je te le dis tout de suite : je n’aurais jamais pensé disputer la Coupe du monde deux ou trois ans en arrière. J’ai subi une blessure au dos, je me suis fait opérer de la cheville… Mais, aujourd’hui, je veux donner le maximum pour l’équipe… Quand j’entrerai sur le terrain face à la Pologne, je penserai à mes deux années de souffrance, et je vous promets que je vais me donner à 2000%.
Tu évoquais le potentiel offensif de la sélection. Mais, avant la victoire face à la Corée du Sud, en 2018, les résultats de la sélection étaient décevants : 1-1 contre l’Ouzbékistan, 0-0 au Luxembourg… Comment l’expliquer ?
Ce sont des matchs de préparation, où le coach veut voir d’autres joueurs, essayer d’autres systèmes… Mais lors des deux derniers matchs de préparation du mois de juin – contre la Croatie (défaite 2-1) et la Corée du Sud (victoire 2-0) –, on a compris ce que le coach attendait de nous offensivement. Et, à partir de ce moment-là, ça va être beaucoup plus facile. Avec tous les joueurs qu’on a et le travail collectif qu’on a réalisé depuis trois semaines, je pense que si on met tout ça en œuvre, on va se qualifier pour les huitièmes de finale.

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