PANEL – Débat sur ses œuvres : Felwine Sarr réinvente le développement du continent

31 - Janvier - 2019

Invité des Dimanches littéraires, Felwine Sarr a «réinventé» une vision de développement de l’Afrique par la synthèse de son œuvre Afrotopia et le recouvrement de la mémoire ancrée dans les œuvres que l’Occident avait extorquées au continent.
Tasse de café, stylo à portée de main, sirotant et griffonnant sur des blocs-notes de temps en temps, sourire aux lèvres, les adeptes de ce rendez-vous des Dimanches littéraires, tous âges et professions confondus, étaient face à Felwine Sarr. Une agora des temps modernes ou Afro­topia et la restitution des objets d’art de l’Afrique ont constitué le cadre d’échanges. L’enseignant chercheur, qui a exposé et transporté littéralement l’assistance dans un monde «utopique» de réflexions qui offrent un nouveau paradigme, invite à «réinventer» l’Afrique. Dans Afrotopia, explique-t-il, «je réfléchis sur les moralités que l’Afrique pourrait mettre en place pour réinventer son présent et son futur». C’est dans le même ordre d’idée que s’inscrit le travail de la restitution des œuvres culturelles ou cultuelles que les Européens ont extorquées en Afrique lors de la colonisation. «Il y a un lien évident, le retour des objets du patrimoine est aussi un élément de réinvention de soi et de récupération de son histoire et de sa mémoire», soutient le Pr Sarr.
D’ailleurs, la discussion a tourné entre les deux thèmes, les questions soulevées par Afro­topia et les liens que l’histoire, la mémoire pouvaient avoir dans «le projet de réinvention de soi». Felwine Sarr les stratifie en deux niveaux. Premièrement, réinventer la vision du développement de l’Afrique. «Nous devons nous-mêmes la créer. Nous ne devons pas être juste des consommateurs de visions et ça c’est absolument important», estime-t-il. Deuxième chose, selon le Pr Sarr, il faut réfléchir sur nos ressources culturelles. «Ce que nous avons créé et comment nous pouvons le réinventer est un moyen de produire notre propre vision du développement économique et, c’est là le lien entre les deux», renseigne l’auteur d’Afrotopia. Cette posture est-elle une antithèse de la vision occidentale du développement ? Non, réponds le penseur. «Il faut dépasser cette antithèse. Il faut effectivement voir ce qui est problématique dans cette vision, le critiquer. Mais il faut être créatif, il faut dépasser l’opposition frontale. Il faut se dire que le monde a une pluralité d’archives, plein d’archives et comment on fait la synthèse de ces archives. C’est ça qui de mon point de vue serait intéressant», argue-t-il.
Une nouvelle carte de l’Afrique
Le continent africain est repeint dans l’imaginaire de Felwine Sarr qui critique, entre autres, les bases de ses systèmes. Dans sa vision, le continent est dans une dynamique de synthèse dans tous les domaines, agriculture, élevage, etc. Mais il ne s’agit pas, aujourd’hui, de dire que rien n’a été fait depuis les indépendances. A en croire M. Sarr, quand l’économie n’a pas d’encrage culturel, elle n’est pas efficiente. La matrice culturelle permet de vendre son «way of life». Et même l’économie est une production culturelle (un soft power), c’est-à-dire une puissance douce. «Nous avons la plus vieille civilisation de l’humanité, du vivre ensemble (l’Afrique, berceau de civilisations), nous devons être en mesure de dire ou nous voulons aller», souligne-t-il.
Au final, Felwine Sarr a contextualisé la perte des œuvres africaines dont la restitution pose tant de débats en Oc­cident. «Il y avait un système organisé d’exploitation matérielle et culturelle. Les pays (africains) n’étaient pas en guerre, c’était une razzia scientifique. La sauvegarde des œuvres aussi est un argument faux. Les objets du palais d’Abomey étaient très bien conservés. Les bijoux de El Hadj Omar Tall ont été volés.» Il conclut en ces termes : «Le présent est un futur qu’on n’avait pas pensé. Nous pouvons proposer d’autres voies, pour ce faire nous devons utiliser notre imaginaire …»

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