Dialogue politique ou stratégie politique : les sales coups de Macky à l’opposition

14 - Décembre - 2020

Le Président Macky Sall se fait le chantre du dialogue ! Mais au vu des gains politiques personnels qu’il en tire et les coups K0 portés à l’opposition à chaque fois, dialogue-t-il vraiment pour l’intérêt national et par volonté d’apaisement de l’espace politique ? Ses initiatives de dialogue, toujours dans des moments où il est en mauvaise posture, semblent obéir à un projet et une stratégie politiques bien pensés, à la limite machiavéliques, qui lui ont permis aujourd’hui d’élargir sa majorité en dégarnissant les rangs de l’opposition qui, au terme de chaque épisode de dialogue, se retrouve divisée, affaiblie et minée par la suspicion et la méfiance entre ses membres.

Vendredi dernier, à l’occasion de la remise du Prix pour le dialogue en Afrique, qui porte son nom, le président de la République s’est fait le chantre du dialogue, dont il a longuement magnifié les vertus et surtout souligné la nécessité dans le contexte actuel du Sénégal et de l’Afrique en général. C’est ainsi qu’il a rappelé qu’il a toujours été ouvert au dialogue et l’a initié chaque fois que de besoin, comme avant et après la présidentielle de 2019. Un dialogue qui est brandi aujourd’hui comme prétexte pour justifier le ralliement d’une partie de l’opposition à la majorité présidentielle. Oui, le chef de l’Etat a plusieurs fois initié un dialogue avec les différentes forces politiques. Mais à quelles fins ? En effet, contrairement à l’esprit d’un véritable dialogue, à chaque fois qu’il initie un dialogue, il en est toujours le maître, qui tire les ficelles derrière et en sort à chaque fois comme principal bénéficiaire. Cela au grand dam de l’opposition qui se rend compte tardivement qu’elle a été roulée dans la farine.

Macky négocie en secret avec Idy en même temps que se déroule le dialogue politique et justifie ensuite leur alliance par les conclusions dudit dialogue

C’est le cas avec la dernière initiative dite dialogue national, mais qui en réalité ne s’est limité qu’en un simple dialogue politique, les autres commissions n’ayant pu aller loin dans les travaux et encore moins déposer un rapport. Et même pour ce dialogue politique, les résultats sont mitigés. «La montagne n’a même pas accouché d’une souris. Elle n’a tout simplement accouché de rien. En dehors de l’audit du fichier électoral, de l’élection des maires au suffrage universel, tous les neuf autres «objectifs spécifiques retenus par les plénipotentiaires de l’opposition n’ont pas fait consensus», souligne Mamadou Dieng, un des leaders membres du Frn. Pour lui, le chef de l’Etat était en réalité juste intéressé par les retombées politiques du dialogue, pour sa gouvernance et ses ambitions politiques. Et c’est d’autant plus vrai qu’à peine les conclusions du dialogue politique, et non national, déposées, avant même d’arbitrer sur les points qui n’ont pas connu de consensus, et sur lesquels il doit trancher, il a brandi ses conclusions comme un trophée de guerre, pour légitimer un projet ou une stratégie politique qu’il a savamment déroulé parallèlement au dialogue. C’est-à-dire la négociation avec des forces politiques de l’opposition, notamment Idrissa Seck.

Et lui, tout comme Idrissa Seck, a confirmé qu’ils étaient en train de négocier en secret depuis une quinzaine de mois, donc au moment où se tenait le dialogue. Le résultat est spectaculaire et la surprise générale pour l’opposition. A peine le dialogue politique, qui n’aura servi qu’à habiller leurs retrouvailles, a fini ses travaux, la nouvelle alliance entre le chef de l’Etat et son principal adversaire à la présidentielle, Idrissa Seck, est apparu au grand jour, avec comme alibi les conclusions du dialogue. Et la ruse est si flagrante qu’Idrissa Seck lui-même n’a jamais voulu du dialogue national. Son parti n’a pas participé au dialogue national, mais au dialogue politique, dont il considérait les travaux comme les routinières et régulières opérations de revue du processus électoral telles que prévues par la loi.

En plus de réussir à convaincre Idy et Cie de le rejoindre, cette période de dialogue a permis à Macky Sall de faire taire temporairement la contestation politique née au lendemain de la présidentielle, et qui avait commencé à faire la jonction avec la contestation sociale. Au final, il a tout gagné du dialogue, alors que l’opposition a perdu presque tout. Elle paye au prix fort sa participation au dialogue, dont elle est sortie numériquement affaiblie (départ d’Idy, Oumar Sarr et les autres qui devraient suivre), divisée et plongée dans un climat de méfiance des uns envers les autres. «Avec le départ de Idrissa Seck surtout, c’est une véritable catastrophe qui s’est abattue dans les rangs de l’opposition tellement le patron de Rewmi avait polarisé la stratégie d’une alternance politique au Sénégal. La tempête du ralliement de Idrissa Seck n’a pas encore fini de faire ses dégâts qu’on parle du départ de Malick Gakou, Boubacar Kamara…Même si jusqu’ici rien n’est confirmé pour ces derniers, Macky Sall a réussi à installer le doute et la suspicion dans les rangs de l’opposition. Actuellement, personne n’a confiance en personne», commente Mamadou Dieng.

Le parrainage, un autre coup-Ko que Macky Sall a administré à l’opposition sous couvert du dialogue

Aujourd’hui décimée, divisée, plongée dans la méfiance et la suspicion, ce n’est pourtant pas la première fois que l’opposition se fait avoir au terme d’un dialogue avec le pourvoir. On a encore en mémoire le dialogue initié à la veille de la présidentielle de 2019 et dirigée par le très controversé Ambassadeur Seydou Nourou Bâ, que d’aucuns qualifiaient d’homme du Président Sall. C’est en pleines discussions, et à la surprise générale, que les plénipotentiaires du chef de l’Etat avaient administré un coup-Ko à l’opposition, en faisant adopter le parrainage, que Macky Sall et son camp avait sorti de leur sac. «Ce dialogue avait conduit à l’adoption du système de parrainage avec tous les dégâts constatés dans les rangs de l’opposition. En effet, à la fin des travaux, les partisans et les détracteurs du dialogue au sein de l’opposition se sont pendant longtemps tiraillés et suspectés de collusion avec le régime», se souvient Mamadou Dieng. Qui ajoute que «plus d’un observateur de la scène politique sénégalaise avait d’ailleurs constaté que le parrainage aura été l’instrument par excellence pour Macky Sall de choisir ses propres adversaires lors des élections présidentielles qui allaient suivre». En effet, sur au moins 25 potentiels candidats de l’opposition, seuls 6 avaient réussi à passer l’étape du parrainage. Pire, les deux (Khalifa Sall et Karim Wade) étaient éliminés d’office à cause de leurs déboires avec la justice, deux autres (Madické Niang et Issa Sall) ne faisant manifestement pas le poids pour espérer poser un quelconque problème au Président sortant, candidat à sa réélection et un autre, Sonko, était à sa première participation.

Autant dire que le parrainage, même si lui et son camp s’en défendent, a permis au chef de l’Etat de «choisir» ses adversaires et d’être quasiment assuré de sa victoire avant même le scrutin.

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